On vous explique l’upcycling

Axelle Guichard

Dans notre société où la question de la préservation de l’environnement devient de plus en plus centrale, les initiatives fleurissent pour trouver des alternatives à notre mode de consommation polluant. Ainsi, vous avez probablement entendu parler de l’upcycling, ou surcyclage en français. Si vous n’avez pas bien compris en quoi cette nouvelle tendance consiste, nous sommes là pour vous l’expliquer.

1) Mais alors, l’upcycling c’est quoi ?

définition

Sémantiquement parlant, le surcyclage, ou l’upcycling, c’est tout simplement le recyclage par le haut. Cela signifie que l’on va réutiliser un matériau en le transformant en un autre produit dont la valeur et/ou l’utilité sont supérieures à celles de sa vie précédente. Elle est souvent aussi bien différente de sa fonction d’origine. L’objectif est de prolonger l’existence de ce matériau. L’upcycling permet de créer du neuf à partir d’un produit usagé, qui aurait probablement été jeté. C’est un moyen de valoriser les déchets puisque la matière première n’est pas déconstruite.

L’upcycling renvoie un peu à la mode des DIY (« faites-le par vous-mêmes » en français) particulièrement populaire depuis la fin des années 2000. Cette tendance prend de plus en plus de place dans le monde de la mode. Il s’agit par exemple de transformer vos vieux rideaux en jupe, des palettes de bois en lit, ou des pneus usagés en ceinture, comme le fait si bien La vie est belt. Tous les matériaux sont concernés. Ainsi, l’upcycling rentre dans une démarche zéro déchet, et nous fait penser à cette célèbre maxime d’Antoine Lavoisier, « rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme ».

L’upcycling se base sur un modèle économique déjà existant. Il faut simplement revisiter la chaîne de valeur en intégrant les réparations et l’adaptation des matériaux. L’objectif est qu’ils puissent être réutilisés à d’autres fins. L’upcycling nous pousse à repenser notre manière de consommer. De l’achat des biens (acheter des vêtements de marque d’upcycling par exemple), à la fin de leur vie (les recycler ou les upcycler), nous devons nous adapter aux nouveaux enjeux de l’industrie textile.

Aux origines de l'upcycling

L’upcycling apparaît pour la première fois chez Maison Margiela en 1989 avec la création de la collection artisanale « Ligne 0 ». L’objectif, chaque année, est de faire défiler des créations faites à base de vêtements, objets ou matériaux usagés afin de leur donner une seconde vie. En 1989, Martin Margiela avait conçu des habits à base de sacs plastiques.

Dans le milieu des années 1990, Reiner Pilz, ingénieur Allemand, verbalise pour la première fois ce que Martin Margiela avait réalisé en parlant d’upcycling. Il oppose le terme au “downcycling” (sous-cyclage en français) qui recyclerait des biens en leur faisant perdre de la valeur. L’upcycling au contraire donne de la valeur à des produits inutilisés. Selon lui, cette pratique viendrait à l’origine des pays en voie de développement. N’ayant que peu d’accès aux biens de consommation et peu de ressources, ils transforment leurs déchets pour leur donner une seconde vie. Ce procédé est aujourd’hui repris par les pays développés. Il devient « tendance », notamment sous l’impulsion de Maisons de haute couture, mais aussi en réponse aux enjeux environnementaux.

feat.coop - upcycling Maison Margiela
feat.coop - upcycling Maison Margiela

(https://www.artcurial.com/en/lot-maison-martin-margiela-printemps-ete-1994-ligne-artisanale-reproduction-collection-printemps-0)

(https://www.lesinrocks.com/actu/ou-est-la-mode-en-1989-le-defile-de-martin-margiela-dans-un-squat-parisien-127722-27-12-2017/)

Maison Martin Margiela, défilé printemps-été 1994

Maison Martin Margiela, défilé automne-hiver 1989

2) L’upcycling, la solution miracle pour l’environnement ?

Si le #upcycling compte plus de 4 millions de posts sur Instagram, pourquoi devriez-vous vous y mettre ? Est-ce vraiment une solution miracle pour la préservation de l’environnement ?

L’upcycling a de nombreux aspects positifs quant à la protection de notre planète. Tout d’abord, lorsque vous upcyclez ou consommez une marque qui fait de l’upcycling, vous ne puisez pas dans les ressources naturelles. Des matières déjà existantes sont utilisées pour fabriquer le produit. Vous réduisez de fait la production de matériaux souvent non-éthiques et peu durables comme le plastique. Cela s’explique puisqu’aujourd’hui, 63% des vêtements sont conçus à base de matières synthétiques, faites de pétrole (chiffre de l’ADEME). Vous ralentissez donc la production de nouveaux produits et participez à la promotion d’une mode éthique et durable, bien moins énergivore que la fast fashion.

En privilégiant l’upcycling vous consommez des vêtements qui ne sont pas issus de grosses industries textiles polluantes, et vous réduisez votre empreinte eau. Pour rappel, la confection d’un t-shirt neuf nécessite 2 500 litres d’eau (selon l’ADEME). Vous consommez moins de produits chimiques et réduisez les émissions de GES liées aux transports.

Dans l’industrie textile, l’upcycling permet la valorisation de matières qui auraient dû être jetées, d’éviter de gaspiller des ressources naturelles et de freiner l’exploitation des femmes et des hommes. En effet, au-delà de l’impact environnemental, l’industrie de la mode est peu respectueuse des travailleur.euse.s. Aujourd’hui, les initiatives d’upcycling permettent la mise en avant d’une consommation raisonnée, responsable et circulaire.

L’upcycling est une réponse aux enjeux actuels de l’industrie de la mode. Pour résumer, cela permet de minimiser l’impact de l’industrie sur l’environnement par la réduction des émissions de GES, de l’empreinte eau et la production de déchets. La surexploitation de ressources naturelles est aussi limitée. L’upcycling valorise une mode durable, respectueuse des travailleur.euse.s et de l’environnement

3) Ça n’est pas tout, l’upcycling c’est aussi :

Si l’upcycling a certainement un impact positif sur l’environnement, cette pratique porte d’autres valeurs positives qui pourraient vous intéresser.

En effet, faire de l’upcycling, ou consommer des marques d’upcycling, vous offre originalité et unicité. Vos vêtements ne pourront pas être reproduits à l’identique puisqu’ils ont été faits à partir de déchets. De plus, si vous upcyclez vous-même, c’est un bon moyen de développer votre esprit créatif et d’avoir la satisfaction personnelle de fabriquer de vos mains quelque chose.

L’upcycling représente aussi une opportunité économique. À l’heure de la crise environnementale, la créativité de chacun peut aboutir à de réelles initiatives qui pourront participer à la protection de l’environnement. Le secteur dispose de réels intérêts et bénéfices économiques. L’upcycling participe à la relocalisation d’industries, permettant la création d’emplois dans le secteur de la collecte, du tri, ou encore de la revente des matériaux à upcycler. En achetant des vêtements aux marques d’upcycling, vous soutenez des initiatives éco-responsables dont l’impact social et environnemental est moindre.

4) Quelle différence avec le recyclage ?

Recyclage, surcyclage, sous cyclage… Avec tous ces termes, on peut s’y perdre. Nous vous expliquons la différence entre le recyclage et l’upcycling ainsi que les avantages et inconvénients de chacun.

Le recyclage

Le recyclage fait probablement partie de votre quotidien depuis un certain temps, avec par exemple le recyclage de bouteilles en plastique. Mais en quoi cela consiste-t-il ? Pour simplifier, envoyées au centre de tri, les bouteilles en plastique sont triées, puis broyées en paillettes, poudre ou granulés. Les industriels du plastique rachètent ces paillettes et s’en servent pour produire de nouveaux produits (d’autres bouteilles en plastique, les matières synthétiques de vos vêtements, la moquette de votre chambre ou le plastique de votre chaise de jardin).

Le recyclage c’est l’action de transformer un déchet en matière première. Le déchet perd de sa valeur en comparaison à sa valeur d’origine.

L'upcycling

Comme développé plus haut, l’upcycling a au cœur de son processus la notion de valeur ajouté. L’objectif est d’apporter de la valeur à un déchet en le transformant, le réparant ou l’adaptant.

Pourquoi upcycler plutôt que recycler ?

Recycler c’est bien, mais upcycler c’est mieux. En effet, la notion de recyclage induit d’abord une perte de valeur regrettable, mais également une dépense énergétique importante. Transformer votre bouteille en plastique en polyester demande beaucoup d’énergie et l’utilisation de produits chimiques.

Le recyclage n’est d’ailleurs pas toujours possible. Le recyclage d’une bouteille en plastique n’est possible que deux ou trois fois. Du côté de l’industrie textile, le mélange des matières rend souvent compliqué le recyclage. De plus, malgré le recyclage, les textiles conservent souvent leur toxicité.

Lorsque vous déposez vos habits aux bornes relais par exemple, une partie sera revendue en friperie. Mais s’ils sont de mauvaise qualité, les habits sont souvent in fine transformés en matière isolante. Ils ne sont pas réintroduits dans une chaîne de production. Une partie non négligeable (8%, selon Le Relais et the Good Goods) sera également transformée en matière combustible émettrice de GES. Selon Oxfam France, sur les 2,1 milliards de tonnes de déchets textiles produits chaque année dans le monde, moins de 1% est véritablement recyclé en nouvel article. Parmi les 99% restants une partie sera transformée en matière isolante, ou encore en chiffons. Les matières 100% coton sont en fait celles pour qui le recyclage est le plus pertinent.

En comparaison, l’upcycling a l’avantage de ne pas être énergivore, de ne pas transformer chimiquement les matières, et de revaloriser les objets sans dégrader la matière première.

Bien sûr, lorsque vous ne pouvez pas upcycler, il vaut toujours mieux recycler que jeter !

5) Quelques chiffres pour vous montrer la pertinence de l’upcycling

Vous montrer l’intérêt de l’upcycling c’est bien. Vous expliquer par quelques chiffres en quoi upcycler ou consommer des marques d’upcycling c’est important c’est mieux !

Selon Oxfam France, en Europe, nous jetons 4 millions de tonnes de déchets vestimentaires  chaque année. 80% de ces déchets sont incinérés ou finissent dans des décharges (car ils ne sont pas amenés au recyclage ou upcyclés).

Pourquoi alors jette-t-on autant ? Toujours selon Oxfam, nous ne portons que 30% des habits de nos placards, et nous n’utilisons en moyenne que 7 à 10 fois les vêtements que nous achetons. Ce gaspillage n’est évidemment pas qu’une responsabilité des consommateurs. On estime une perte de 15% de matière textile par les industriels (durant la découpe ou par l’inutilisation des fins de rouleau).

Au-delà des déchets, l’industrie textile est considérée comme l’une des plus émettrice de GES au monde. On l’estime également responsable de 20% de la pollution de l’eau douce dans le monde.

Enfin, les travailleurs et travailleuses sont exploités par l’industrie textile. Au Bengladesh, 9 ouvrier.ère.s du textile sur 10 déclarent ne pas pouvoir répondre à leurs besoins de base grâce à leur salaire. Ces besoins comprennent le fait de se nourrir à sa faim ou encore de scolariser ses enfants.

Promouvoir l’upcycling c’est donc promouvoir une production plus locale considérée comme deux fois moins émettrice de GES qu’une production importée, une production qui n’exploite pas les travailleur.euse.s, et une production responsable faite pour durer dans le temps.

6) Quel rapport avec feat.coop ?

Vous l’aurez compris. L’upcycling est aujourd’hui une solution à privilégier pour répondre aux enjeux de l’industrie de la mode et réduire notre consommation de ressources. Mais vous vous demandez peut-être quel est le lien avec feat.coop.

Il est très simple ! Notre mission est de revaloriser les stocks dormants des industriels de la région Auvergne-Rhône-Alpes, dont les savoir-faire historiques nous offrent de vrais trésors.

Que ce soit à cause de commandes annulées, d’un surplus de production ou de rouleaux avec quelques petites imperfections, ces industriels se retrouvent avec des milliers de rouleaux invendus. Leurs solutions actuelles sont de les vendre à prix cassés à des soldeurs étrangers et français, ou de les confier à des gestionnaires de déchets. Dans les deux cas, ces tissus seront sous-cyclés : ils perdront de leur valeur originale.

Chez feat.coop, nous proposons une solution alternative, bénéfique aux industriels, et aux marques et créateurs puisque nous mettons en lumière ces étoffes endormies.

Comment faisons-nous cela ? Grâce à notre place de marché et à notre showroom où vous pouvez visualiser et commander tous les textiles que nous avons sortis de l’ombre.

feat.coop - stock dormant upcycling textile

Grâce à feat.coop, vous avez donc accès à des matières upcyclées de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Nous fournissons déjà des marques telles que déjà Chou2Collectif Fringué et l’Indispensable, des marques éco-responsables de la région, ainsi que des ateliers de confection comme MaisonMaBille.

Si vous êtes à la recherche de stocks dormants issus d’industriels locaux, vous pouvez nous rendre visite au 1 rue père Louis Galard à Lyon 09 ou en ligne sur notre place de marché.