Pour produire un vêtement éco-responsable, et minimiser son impact environnemental, il est important de comprendre toutes les étapes de la chaîne de valeur de sa production. En effet, produire un vêtement ça n’est pas juste le confectionner. Il faut avant cela produire le textile, ce qui se fait en plusieurs étapes.
Notre objectif est de vous expliquer les différentes étapes de cette chaîne de production d’un vêtement. Nous souhaitons aussi vous en présenter des alternatives plus durables et respectueuses de l’environnement.
La chaîne de production classique d’un vêtement
Tout d’abord, il faut récolter les matières premières, les fibres qui composent nos vêtements. Cela passe par l’agriculture pour les matières végétales (coton, lin, chanvre, etc), par l’élevage pour les matières animales (soie et laine), par l’extraction de la cellulose pour les matières artificielles cellulosiques (viscose, lyocell, modal, etc) et par l’extraction de pétrole pour les matières synthétiques.
Ensuite, il faut transformer les matières en fils. Pour cela, deux étapes possibles : la filature ou le filage. La filature concerne les matières naturelles alors que le filage les matières synthétiques. Le fil peut ensuite être mouliné (une torsion est apportée au fil pour le rendre plus solide), ou texturé (technique souvent utilisée pour donner un aspect naturel à une fibre synthétique).
Après toutes ces étapes, arrivent le tricotage ou le tissage des fils pour obtenir une étoffe.
Voici l’exemple d’un métier à tisser jacquard :
https://shop.featcoop.fr/wp-content/uploads/2022/07/metier-a-tisser-jacquard.mov
Et l’exemple d’un métier à tricoter circulaire :
https://shop.featcoop.fr/wp-content/uploads/2022/07/IMG_0085.mov
Avant de confier l’étoffe aux ateliers, il faut l’ennoblir. L’ennoblissement se fait d’abord par des traitements. Ils peuvent être physiques ou chimiques, l’objectif étant d’apporter des propriétés ou un aspect particulier au textile. Le traitement peut se faire par l’application de chaleurs ou forces physiques, ou par réaction chimique. S’en suivent les étapes optionnelles mais fréquentes de teinture et/ou d’impression du textile.
Après ennoblissement, l’étoffe est prête pour être envoyée aux ateliers, qui se chargent de la confection des vêtements. Ils découpent les pièces, les assemblent, et peuvent apporter des personnalisations aux créations.
La chaîne de production d’un vêtement ne s’arrête pas là puisque le vêtement va vivre par la suite. Sa vente, son usage et sa fin de vie (le recycler, l’upcycler ou le jeter) composent son cycle de vie.
Les impacts de cette chaîne de production sur l’environnement
Il existe donc de nombreuses étapes à la création d’un vêtement. La question que l’on se pose aujourd’hui est de savoir comment rendre cette chaîne de production moins impactante pour l’environnement.
En effet, pour produire un vêtement nous utilisons beaucoup d’énergie, et ce à chacune des étapes de production (et de vie) des vêtements. Une étude réalisée par la fondation Ellen McArthur en 2017 estime que l’industrie textile est la deuxième plus émettrice de GES.
Au-delà de ces émissions, la production d’un vêtement est fortement consommatrice d’eau. Qu’il s’agisse de l’élevage, de l’agriculture, ou du traitement des fils et de l’étoffe finie, il faut utiliser des litres d’eau pour produire un habit. Selon Oxfam, 4% de l’eau potable disponible serait utilisée pour produire nos vêtements. Uniquement pour produire un t-shirt, il faut 2 500 litres d’eau, soit 70 douches.
La production textile utilise aussi énormément de produits chimiques. Cela concerne surtout les étapes de récolte des matières premières et d’ennoblissement. Ces produits sont polluants, et toxiques pour l’Homme et la biodiversité. Selon un rapport de Greenpeace, 70% des rivières, lacs et réservoirs d’eau sont pollués en Chine. La production de biens manufacturés, dont l’industrie textile fait partie, provoque entre 20 et 30% de cette pollution. Le Yangtze, plus grand fleuve chinois pourrait devenir un “fleuve mort” d’ici 5 ans à cause de la pollution. La moitié de sa biodiversité a déjà disparu.
À cela s’ajoutent la pollution des sols et l’occupation de terres agricoles pour produire les matières premières naturelles. Selon Oxfam, le coton utilise 3% des terres agricoles mondiales, et 16% des pesticides. Sa culture est fortement responsable de la pollution des sols, et utilise l’espace des cultures alimentaires.
Enfin, à toutes les étapes de la production d’un vêtement, des déchets sont produits. Selon Fossil Fashion, pendant son cycle de vie, un vêtement perd 87% des matériaux récoltés à l’origine pour le produire. Il faut alors traiter et recycler ces déchets. Si ce n’est pas le cas, ils se retrouveront enfouis, incinérés, ou dans des décharges à ciel ouvert.
Comment améliorer la chaîne de production d’un vêtement ?
Il n’existe aujourd’hui pas de solution miracle pour avoir une production propre et totalement respectueuse de l’environnement. Mais il est possible de faire mieux, et de réduire l’impact de cette chaîne de valeur sur notre planète, et ce à chaque étape de la production.
C’est ce qu’on appelle l’éco-conception. Il s’agit d’intégrer systématiquement et à toutes les étapes de fabrication d’un bien, la volonté de réduire l’impact qu’a ce bien sur l’environnement. Cette réflexion se fait au moment de la conception afin de prendre en compte le cycle de vie complet du vêtement. Pour un habit, il faut donc repenser le choix des fibres, la formation de l’étoffe, l’ennoblissement, la confection du vêtement et sa fin de vie. L’industrie textile dispose aujourd’hui de nombreuses alternatives plus “propres”.
Mieux choisir ses matières premières
Concernant le choix des matières premières, certaines fibres sont bien moins consommatrices d’eau et d’espace que d’autres. Le lin consomme par exemple 60% moins d’eau que le coton. De plus, sa production peut se faire en France, ce qui évite les émissions de GES liées au transport. Aujourd’hui, des initiatives telles que LINportant relocalisent la filière du lin en France. Privilégier les cultures biologiques ou les matières recyclées est aussi une alternative aux fibres naturelles de culture classique.
Pour les matières synthétiques, le lyocell dispose des mêmes caractéristiques que la viscose, mais sa production est moins polluante car en cercle fermé.
Enfin, il est important de penser à la fin de vie du vêtement. Certaines matières se recyclent mieux que d’autres. Le coton se recycle bien mécaniquement en Europe. Le polyester ne se recycle pas mécaniquement, et s’il se recycle chimiquement, cette technique n’est pas développée à l’heure actuelle en Europe.
Mieux produire les étoffes
Pour produire les étoffes de façon plus éco-responsable, privilégier la production sur demande est une option. Cela permet d’éviter les surplus de production, et donc une partie des déchets.
Le choix des producteurs est aussi déterminant, notamment s’ils sont français. Il est important de souligner qu’une production en France est moitié moins émettrice de GES qu’une production en Chine d’après Eric Boël. Elle permet d’éviter de nombreux transports. Un jean Made in China parcourt 65 000km en moyenne avant d’arriver dans votre placard, soit une fois et demi le tour de la terre, (La face cachée des étiquettes, Thomas Ebélé et Eloïse Moingo). Nous pouvons citer l’exemple de 1083. Cette marque engagée assure un jean réalisé à moins de 1083 km de chez vous grâce à une production relocalisée en France. Un produit Made in France bénéficie aussi du mix énergétique. L’énergie en France est nucléaire, et donc non émettrice de GES, contrairement à la production au charbon en Chine ou en Inde par exemple.
Enfin, les stocks dormants sont aussi une alternative éco-responsable puisqu’il s’agit d’upcycling, de partir d’une matière existante pour produire un nouveau produit. Cette démarche zéro déchet nous fait penser à cette célèbre maxime d’Antoine Lavoisier, « rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme ». Aucune matière première n’est produite à nouveau, et cela évite les déchets.
Mieux ennoblir
L’ennoblissement peut aussi se faire de façon moins nocive. Les teintures naturelles ou la conservation des couleurs naturelles des textiles sont des options à privilégier. Certains ennoblissements comme le délavage des jeans est aussi très polluant et dangereux pour les travailleur.euse.s. L’éviter participe donc à l’éco-conception d’un produit.
Mieux confectionner
Enfin, la confection peut aussi être rendue plus éco-responsable. D’abord par sa relocalisation. Mais aussi par l’utilisation de techniques comme le fully-fashionned ou le Seamless. Ces méthodes évitent les chutes de textile, et donc le gaspillage. Le Slip Français utilise par exemple la technique du Seamless pour sa nouvelle collection, en collaboration avec l’usine Henitex.
Vous l’aurez compris, il est important d’apporter de la nuance. Aucune solution n’est parfaite, et en tant que donneur.euse d’ordres, des choix sont nécessaires parmi les alternatives existantes. L’éco-conception appelle à une réflexion permanente. Être conscient de ses motivations et de ses objectifs, mais aussi des outils dont on dispose pour améliorer cette production, est nécessaire. L’éco-conception c’est aussi une démarche itérative. C’est la volonté de s’améliorer à chaque collection, de les rendre toujours plus éco-responsables grâce aux innovations et alternatives qui se développent.
Chez feat.coop, nous proposons une alternative éco-responsable pour plusieurs étapes de la chaîne de production d’un vêtement. En effet, en revalorisant les stocks dormants des industriels textile de la région, nous participons d’abord à la réduction des déchets. Nous offrons une deuxième vie à des étoffes vouées à l’origine à être détruites ou soldées à prix dérisoires à l’étranger. En revalorisant les savoir-faire des industriels de la région, nous promouvons aussi une production locale. Enfin, grâce à notre réseau régional, nous facilitons les coopérations durables entre marques, stylistes, modélistes, développeur·ses produits et ateliers de confection de la région.
Si vous êtes intéressés par des stocks dormants régionaux, vous pouvez nous rendre visite à notre showroom au 1 rue père Louis de Galard à Lyon 9, ou sur notre place de marché digitale.
Cet article aspire à synthétiser la chaîne de valeur textile, et à vous donner des pistes pour réduire son impact sur l’environnement. Si vous souhaitez en apprendre plus sur cette chaîne de valeur et ses alternatives, notre ingénieure textile a développé une formation ludique, participative, et approfondie sur le sujet. Vous pouvez nous contacter pour vous y inscrire.